« Je veux porter le flambeau des classes moyennes » : Xavier Bertrand, à fond sur la ligne « popu » (Le Parisien)

Le patron (LR) des Hauts-de-France se met en scène et espère incarner une candidature « populaire » à droite en vue de la présidentielle 2027.

Qui imagine le général de Gaulle dans une auto-tamponneuse ? Mi-décembre, Xavier Bertrand s’est offert une virée sur piste à bord d’une petite monoplace grise, à l’occasion d’un déplacement sur le marché de Noël d’Amiens (Somme), tamponnant (avec retenue) des collaborateurs. Vidéo postée illico sur ses réseaux sociaux.

Trois jours plus tôt, le président (LR) de la région Hauts-de-France se mettait déjà en scène en train de préparer lui-même son propre hamburger depuis les cuisines d’un Burger King tout juste ouvert à Aulnoy-lez-Valenciennes (Nord). Charlotte hygiénique et casquette de l’enseigne vissée sur la tête.

 

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« Il essaie de singer Rachida. Il a vu que sa vidéo (où elle se met en scène avec les éboueurs parisiens) cartonne », commente un élu LR parisien. « C’est Xavier tel qu’il est, il a toujours été comme ça. C’est le seul qui est vraiment populaire. Alors il cultive son atout », le défend son ami, le député (LR) de l’Aisne, Julien Dive. Plus que jamais les deux pieds sur la ligne « populaire » que l’ancien ministre de la Santé entend incarner à droite depuis des années.

 

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En tournée pour dédicacer son premier livre paru mi-octobre (« Rien n’est jamais écrit »), on l’a ainsi vu signer – non pas dans des librairies huppées – mais dans une Fnac ou dans la galerie d’un hypermarché Leclerc, dans le Nord. Populaire… ou populiste, taclent certains contempteurs.

Dans cet ouvrage autobiographique, il ne manque jamais de rappeler ses propres origines sociales, son parcours atypique – il a grandi dans un HLM à Troyes, n’a pas fait l’ENA et a débuté sa carrière comme assureur dans l’Aisne – ou de marteler avec emphase son amour de tout ce qui est rattaché à l’imaginaire populaire. Sa passion revendiquée pour le foot – « j’ai toujours un ballon dans le coffre de ma voiture, au cas où » – ou pour, justement, les fêtes foraines « dont il est tombé amoureux », qui seraient « l’antithèse du snobisme ». « Et que l’on soit cadre ou ouvrier, la fête foraine est un lieu qui rassemble et qui mérite sa place au cœur battant de la ville », écrit Bertrand.

Il ne manque pas d’y rappeler non plus qu’il participe tous les ans à la braderie de Saint-Quentin, ville dont il a été maire, se targuant d’avoir « le stand le moins cher » de la ville. Xavier Bertrand prétend même avoir décliné un rendez-vous à l’Élysée l’été dernier parce qu’il tenait son étal de brocanteur. Mais il dit s’y être rendu le lendemain.

« J’ai plus que jamais l’intention d’être candidat en 2027 »

La présidence de la République, l’élu de l’Aisne y pense depuis maintenant une quinzaine d’années, et semble n’y avoir toujours pas renoncé malgré les obstacles et les déconvenues. Oublié le revers cuisant lors de la primaire présidentielle de LR en 2021 qui l’a vu finir en quatrième position, et même affirmer que c’en était fini, pour lui, de la politique nationale. « Je veux porter le flambeau des classes moyennes », écrit-il pourtant aujourd’hui dans son livre, estimant que le projet « de redressement » du pays « doit être porté par un candidat véritablement populaire, au sens le plus noble du mot ». Suivez son regard.

« Fort de votre soutien, j’ai plus que jamais l’intention d’être candidat en 2027. J’ai toujours la même volonté, la même envie, la même énergie pour défendre nos idées et pour porter un nouveau souffle d’espoir », écrit-il dans un mail à destination des sympathisants de son micro-parti Nous France, le 14 décembre, pour solliciter leur soutien financier.

Devancé par Philippe, Darmanin ou Retailleau

Plus question pour lui de passer à nouveau par une primaire, jure-t-il, alors que tout le monde à droite s’interroge sur la meilleure façon de gérer le départage de tous les aspirants candidats. « À la fin de l’année 2026, nous y verrons beaucoup plus clair sur qui est capable, pas seulement d’être au second tour, mais de gagner ! Nous sommes peu nombreux à pouvoir le faire. Les sondages permettront de voir qui les Français auront envie de voir sur la ligne de départ », confie-t-il dans une interview au Monde, récemment.

Xavier Bertrand, tenant d’une ligne de « droite sociale » et intransigeante avec le Rassemblement national, fait toujours partie des personnalités de droite les plus en vue dans les enquêtes d’opinion. Même s’il est devancé par Édouard Philippe, Gérald Darmanin ou Bruno Retailleau. « On vit actuellement dans un star-système, les Français ont besoin d’une incarnation. Ils cherchent un président pour eux, pas comme eux », cogne un haut cadre LR.

La voie est loin d’être dégagée. Mais Xavier Bertrand croit pouvoir aller « tamponner » ses adversaires dans le manège pré-présidentiel qui va se jouer à droite dans les mois qui viennent. Persuadé, façon méthode Coué, que « Rien n’est jamais écrit ».

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