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TRIBUNE. François Durovray sur la droite : « Retrouvons ce génie du renouveau qui nous fait défaut » – JDD

 

François Durovray, président du département de l’Essonne, livre dans une tribune sa vision de ce que devrait être l’avenir de la droite en France.

 

Longtemps, la droite a produit des idées, porté une vision. Longtemps, elle a structuré la vie politique française, gouverné, conduit des réformes. Puis, tout cela s’est arrêté. Elle est aujourd’hui menacée de disparition. Depuis plus de 10 ans, ma famille politique n’est plus au pouvoir car elle a arrêté de penser. Cela lui a coûté : 10 millions d’électeurs et moins de 5 % à la dernière présidentielle… À force de se définir par rapport aux autres, et non plus se définir elle-même, la droite est devenue un sujet de dérision pour les électeurs. Situation d’autant plus paradoxale que jamais les Français ne se sont autant déclarés « de droite ». Nous y voilà donc : la demande politique n’a jamais été aussi forte et l’offre aussi faible.

Finalement, peu m’importe que les LR meurt. En revanche, jamais je ne me résoudrais à ce que la droite disparaisse. Jamais je ne l’accepterai car la France a besoin de la droite pour construire son avenir. C’est d’abord un enjeu démocratique. Nous avons le devoir de proposer une alternative à la majorité présidentielle qui, par sa méconnaissance et son mépris des Français, par son soutien à la France qui va bien contre celle qui souffre, est à deux doigts de faire vaciller la maison France.

Une alternative également aux extrêmes, de gauche comme de droite, qui portent une vision autoritaire contraire à l’État de droit et donc à notre culture et notre histoire. C’est, ensuite, un enjeu national. La France est dans une situation difficile ; les défis qui nous font face sont aujourd’hui immenses ; nul besoin de les pointer un par un, ils sont connus et identifiés, depuis bien trop longtemps. Or, face à l’ampleur de la tâche, la classe politique semble tétanisée, incapable d’agir. Elle se vautre dans la médiocrité de l’expression et la vacuité des propositions, accentuant le décalage entre l’immensité de la tâche et le ridicule du théâtre public.

Finalement, peu m’importe que les LR meurt. En revanche, jamais je ne me résoudrais à ce que la droite disparaisse.

 

Pourtant, nous pouvons agir. Le découragement n’est pas une option. Notre histoire a souvent été celle d’une alternance entre moment de sursauts et de laisser-aller, entre pages sombres et périodes de concorde nationale pour le rétablissement du pays. Le général de Gaulle n’exprimait pas autre chose quand il écrivait cette envolée dans ses mémoires de guerre : « Vieille France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ! ». Retrouvons ce génie du renouveau qui nous fait défaut. Pour cela, renouons avec le sens et la profondeur d’une pensée stratégique. Revenons aux fondamentaux. Pourquoi faisons-nous de la politique ? Quel projet de société portons-nous ? Comment pouvons-nous donner à nos concitoyens l’assurance de le mettre en œuvre ?

En un mot, concentrons-nous sur quelques enjeux essentiels et présentons des actions concrètes pour les traiter.

Parmi les enjeux majeurs que j’identifie, le premier d’entre eux est celui du retour de la crédibilité et de l’efficacité du politique. Il doit, notamment, passer par un retour au septennat unique pour remettre le président en situation de pouvoir arbitrer et de nous donner du temps long, mais aussi par l’autorisation de cumul de mandat local et national pour ancrer les élus dans la réalité.

Le 2e enjeu lié consiste, quant à lui, à restaurer la puissance et l’autorité publique. Pour ce faire, doublons en urgence le nombre de juges plutôt que le nombre de places de prison. Veillons aussi à faire appliquer les lois existantes avant d’en voter de nouvelles. La communication politique s’en portera, certes, moins bien mais l’efficacité sur le terrain en sera largement renforcée.

Le 3e enjeu est lui aussi d’une importance capitale, à mes yeux ; il s’agit de renouer avec le désir d’une croissance économique, verte et souveraine. La croissance est devenue un gros mot pour la droite ; on l’accable de tous les maux alors que c’est au contraire l’une des conditions de la puissance de la France, de la réduction de notre dette publique ainsi que de la restauration du pouvoir d’achat des Français. Mais c’est aussi une des conditions de la lutte contre le changement climatique. Ne nous y trompons pas : la réduction drastique des gaz à effet de serre passe par un investissement massif dans la décarbonation et l’électrification de l’économie (nucléaire, hydrogène vert).

Pour retrouver un véritable chemin de croissance, il nous faut donc nous concentrer en priorité sur l’augmentation du taux d’emploi, celui-ci dépendant davantage de notre capacité à faire entrer plus facilement nos jeunes sur le marché du travail, à réduire notre taux de chômage (toujours deux fois plus élevé que chez nos voisins) et à trouver une réponse à la question du sens et du bien-être au travail que de la question du recul de l’âge de départ à la retraite. Le retour à un véritable sentier de croissance dépend aussi de l’augmentation de notre productivité qui nécessite de rehausser le niveau de recherche et d’investissement des entreprises pour privilégier une vision de développement à long terme plutôt que la recherche de rendements court-termistes au seul bénéfice des actionnaires.

Il nous faut donc nous concentrer en priorité sur l’augmentation du taux d’emploi

 

Enfin, dernier sujet majeur à traiter, celui du rétablissement de la performance et de l’agilité des services publics. Ces derniers ont forgé la France, ses métropoles et, surtout, ses territoires. Ils servent la promesse d’égalité républicaine, en même temps qu’ils ont fait la fierté des Français et justifié le niveau des prélèvements obligatoires. Mais, de l’école à la santé, en passant par l’énergie ou les transports, ils sont aujourd’hui en lambeau. Nous devons, aujourd’hui et sans plus attendre, investir massivement dans les services publics.

Voici les enjeux et ils sont essentiels. Élu local depuis plus de 20 ans, à la tête aujourd’hui d’un grand département – l’Essonne – concentré de tous les contrastes et de toutes les promesses, je veux aujourd’hui incarner, avec d’autres, une droite populaire, sociale, patriote, humaniste. Notre pays en a besoin. Comme il a besoin d’idées neuves, de sang neuf pour faire émerger un nouveau projet de société. Nous devons arrêter d’être une punition et redevenir un espoir. En quelques années, le PS est devenu un astre mort. LR le deviendra sans doute aussi. Mais n’oublions pas que l’avenir de la France est indissociable de l’avenir de la droite. Voilà pourquoi le temps n’est plus au raccommodage. Voilà pourquoi l’enjeu dépasse nos propres personnes. Voilà pourquoi nous devons nous réveiller et retrousser nos manches.

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