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Dominique Estrosi-Sassone: « Le logement est un bien de première nécessité » – Nice Matin

Si vous écoutez le bruit ambiant, vous aurez l’impression qu’il n’est plus question que de rénovation énergétique des logements et plus de constructions neuves.

Or, concilier les deux impératifs que sont la transition écologique et un logement abordable pour chacun, c’est en fait revenir à l’essence même du développement durable.

Concrètement en matière de logement, il nous faut tout à la fois rendre plus sobres les logements pour atteindre la neutralité carbone et continuer de construire pour soulager les zones tendues afin d’offrir à nos concitoyens un toit ainsi qu’un parcours résidentiel, sources d’épanouissement familial et personnel.

Sauf que la crise du logement est là ! L’objectif de 250 000 logements en deux ans : 2021 et 2022 n’a pas été atteint, le seuil de 180 000 agréments a péniblement été franchi. Les biens mis en vente ont baissé de 10% et les réservations de 20% fin 2022. Parallèlement, l’indice du coût de la construction a augmenté de 8%.

Selon les derniers chiffres de la Fondation Abbé Pierre, 4,1 millions de personnes sont mal-logées dont 643 000 en hébergement contraint chez des tiers et 934 000 en suroccupation. Quand donnera-t-on de la visibilité au-delà de la conjecture quand on sait que le logement est un secteur de temps long et d’investissement qui a besoin d’un cadre juridique stable et clair, tout à l’opposé de niches fiscales prolongées d’une année sur l’autre. Je l’appelle de mes vœux pour l’investissement locatif à travers un « statut du bailleur privé ».

En outre, je souhaite également que soit réhabilité l’acte de construire auprès des maires et de nos concitoyens en sachant lier la capacité financière à agir avec la dynamique de la construction et de la population. Sortons enfin de l’absurdité de vouloir « construire moins pour loger plus » ! Car demain le « zéro artificialisation nette » (ZAN) fera figure d’épée de Damoclès au-dessus de tous les projets. Il ne faut pas que le ZAN soit le synonyme du malthusianisme, de décroissance du logement et de l’envolée des prix de l’immobilier.

La rénovation énergétique des logements est le deuxième grand enjeu. Le calendrier imposé par la loi Climat et Résilience d’interdiction de location des logements les plus énergivores à partir de 2025 et 2028 pourrait faire baisser les bras à de nombreux bailleurs privés.

La question financière pour embarquer massivement nos concitoyens dans les rénovations globales performantes leur permettant de faire de précieuses économies est bien réelle autant que la question du séquencement face aux capacités limitées des professionnels à mener à bien les travaux.

Enfin, la fiabilité du lien entre la réalisation des travaux et le saut en termes d’étiquette énergétique reste un sujet non réglé.

Le logement est plus que jamais un bien de première nécessité et un droit dont trop de Français manquent encore aujourd’hui. La soutenabilité écologique au travers de la sobriété foncière, l’équité sociale en luttant contre le mal-logement et l’efficacité économique en préservant l’équilibre financier des opérations de construction sur toute la chaîne du logement doivent enfin être portés par les pouvoirs publics pour sortir de la crise du logement qui sinon nous surprendra comme celle de l’hiver 1954..

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