Avant le lancement de son mouvement baptisé Nous France, samedi à Saint- Quentin (Aisne), Xavier Bertrand s’explique sur le sens de son retour sur la scène nationale. À l’heure où Les Républicains se cherchent, l’ex-candidat à la présidentielle entend toujours porter, en dehors du parti, la voix du gaullisme social… Jusqu’en 2027 ?
Article par Le Courrier picard : https://www.courrier-picard.fr/id345929/article/2022-09-27/xavier-bertrand-je-ne-me-resous-pas-voir-la-france-plonger-dans-le-chaos-ou-dans
Que comptez-vous porter au travers de Nous France ?
« C’est une force collective pour la France. Contrairement aux partis qui ne parlent qu’à leurs militants, je veux parler à tout le monde. Nous ne présenterons pas de candidats aux élections sénatoriales et européennes, mais nous voulons, d’ici à 2027, apporter des solutions à la crise. À l’image de ce que j’ai pu proposer à la Région : la prime au travail ou l’aide aux transports défiscalisée. Nous France a vocation à s’installer sur l’ensemble du territoire, au travers d’antennes locales. Si je reste moi-même adhérent de LR, beaucoup des gens qui nous rejoignent ne sont pas cartés, mais se reconnaissent dans une droite gaulliste, sociale, humaniste, ferme sur l’ordre et le travail. »
« Ceux qui tendent la main au RN aujourd’hui finiront comme en Italie demain, à lui manger dans la main »
Après votre échec à la primaire de LR, en décembre 2021, vous aviez annoncé que vous quitteriez la scène nationale. Pourquoi ce revirement ?
« Je suis alors sous le coup de l’échec et je suis persuadé que Valérie Pécresse sera élue à la présidentielle. Si elle l’emporte, c’est la fin de mes ambitions nationales. La différence, c’est qu’on a perdu. Et que Les Républicains ont un besoin absolu de clarification. Je veux me battre pour incarner et porter l’ADN de cette famille qui a combattu l’extrême droite. Ceux qui tendent la main au RN aujourd’hui finiront comme en Italie demain, à lui manger dans la main. »
À ce titre, prendrez-vous position sur la présidence de LR ?
« Je dirai pour qui je voterai le moment venu. Nous France n’a pas vocation à prendre position sur une élection interne. Mais je le redis : la droite identitaire n’est pas ma droite. »
« J’ai une responsabilité de transmission »
Xavier Bertrand a choisi son Ref de Saint-Quentin (ville dont il fut maire) pour lancer son mouvement Nous France, et pour nous donner l’interview. Photo Baziz Chibane – VDNPQR
Nous France est-il une écurie pour un futur candidat à la présidentielle ?
« Il ne suffit pas de se préparer à être candidat pour l’être réellement, je peux en témoigner. J’ai une responsabilité de transmission, pour aider des nouveaux visages à prendre la lumière. Des gens comme Julien Dive, Antoine Sillani, Margaux Delétré, Pierre-Henri Dumont… Je veux jouer ce rôle de vivier que les partis ont abandonné. »
Le président de Nous France va-t-il faire entendre sa voix cet automne ?
« Oui, pour dire que je m’oppose au passage en force sur la réforme des retraites. Pour rappeler que si l’on demande des efforts, il faut de la justice. Qu’il faut user de dialogue. Sinon, ce sera une bombe à retardement. Je ne me résous pas à voir le pays plonger dans le chaos ou dans l’immobilisme. Je ne ferai jamais le pari du pire. Nous France proposera des solutions aux parlementaires. »
« Il faut offrir un bouclier tarifaire à nos entreprises »
Quelles solutions ?
« Sur l’énergie, il faut offrir un bouclier tarifaire à nos entreprises. Ça coûte cher, c’est vrai, mais toujours moins qu’une entreprise qui met la clé sous la porte. Je reste convaincu que, sur l’autorité et l’ordre, on ne peut plus être naïf. Qu’il faut plaider le retour des courtes peines de prison, des centres éducatifs fermés dans chaque département, et des peines minimales pour les récidivistes ou les agresseurs de policier. Je veux aller beaucoup plus loin sur la question de l’ascenseur social pour aider les classes moyennes, agir sur l’adoption, contre la haine sur les réseaux sociaux. Je ne veux pas laisser le débat sur la valeur travail aux mains de Fabien Roussel ou de Sandrine Rousseau. Les Français veulent des résultats, des idées de bon sens. Beaucoup nous parlent d’impuissance publique. Elle n’existe pas, on peut bouger le cours des choses. »