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Xavier Bertrand : « Il faut renouer avec la possibilité de s’en sortir en travaillant » (L’Union)

Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, renoue avec son ambition nationale. À l’heure où l’inflation plombe les finances des collectivités, des entreprises et des ménages, il lance son mouvement politique « Nous France ».

Article par L’Union : https://www.lunion.fr/id407154/article/2022-09-13/xavier-bertrand-la-recherche-de-solutions-pour-les-hauts-de-france-et-pour-la

Article de Ludivine Bleuzé-Martin

Cette rentrée coïncide pour vous avec le lancement de votre mouvement politique « Nous France » le I° octobre à Saint-Quentin. Qui est « nous » et c’est quoi pour vous la France ?

Nous. c’est l’idée de rassemblement, C’est au cœur de mon engagement : à l’époque, le rassemblement pour la République c’était quelque chose qui me parlait. Je suis très surpris par la mobilisation que ce lancement suscite. On n’a pas encore invité tout le monde mais on est deja 600 personnes.

« Tout le monde est conscient que les collectivités locales vont être mises à rude épreuve et que nous avons le devoir de protéger les gens »

Vous êtes toujours chez les LR?

Je reste LR et je ne mélangerai absolument pas ce lancement avec l’élection interne pour Les Républicains mais j’ai l’intention de faire travailler ceux qui vont me rejoindre pour dégager des solutions.

Vous étiez présent à la Foire de Chalons. Une manière de prendre le pouls?

J’y ai beaucoup d’amis. Je joins toujours l’utile à l’agréable et cela me permet de nouer des relations avec le monde économique et le monde agricole. Celui-ci nous demande de renforcer la coopération entre les Hauts-de-France et le Grand Est sur la bioéconomie, c’est-à-dire la partie de l’agriculture qui n’est pas dévolue à la nourriture. Si on unit nos forces, c’est encore mieux. Ça me permet aussi de savoir ce que pensent les gens. On voit bien qu’ils ont conscience qu’on ira vers de grandes difficultés et qu’ils demandent aux politiques de penser un peu moins à leurs rivalités et de trouver des solutions pour eux.

J’ai fait le point ce matin avec Jean-Marc Roze (adjoint à Reims), Christian Bruyen (président du conseil départemental de la Marne), avec Benoist Apparu (maire de Châlons- en-Champagne): tout le monde est conscient que les collectivités locales vont être mises à rude epreuve et que nous avons le devoir de protéger les gens.

Vous placez l’autorité au coeur de votre projet. Manque-t-elle?

Tout part à vau-l’eau à tous les niveaux. L’État doit montrer l’exemple. Il faut enforcer la logique des droits et des devoirs, que les parents assument aussi leurs responsabilités, qu’à l’école l’autorité soit respectée. Il faut des lois supplémentaires et qu’elles soient appliquées. On ne peut pas avoir des rodéos et des gens qui narguent la police.

Il y a pourtant des contrôles, des interpellations des véhicules confisqués. On le lit dans la press quotidienne régionale notamment.

Rien du tout.. Enfin, je veux dire par la que là réponse n’est pas à la hauteur.

Vous parlez de la réponse pénale?

Les policiers savent faire leur boulot. Bien sûr qu’on parle de la réponse pénale mais je ne mets pas en cause la responsabilité des juges. Est-ce qu’il y a des textes et une volonté politique de les faire appliquer? Il n’est pas normal que les auteurs des rodéos, quand ils sont identifiés, se disent qu’ils n’ont rien à craindre. Il faut appliquer les textes avec la plus grande sévérité. Pour les rodéos, cela veut dire la confiscation du véhicule et sa destruction.

L’emploi sera un autre are de réflexion de votre mouvement. Pourquoi?

Le cœur de mon action, c’est la reconnaissance du travail et de celles et ceux qui se sentent complètement oubliés, sauf au moment de passer à la caisse: les classes moyennes. Peut-être parce que j’en suis issu. Quand, dans une société, ceux qui travaillent n’arrivent plus à s’en sortir, on va dans le mur. On a besoin des entrepreneurs, d’aider ceux qui cherchent du boulot et d’une vraie solidarité avec ceux qui ne peuvent pas travailler.

Vous parlez d’ailleurs pour les classes moyennes d’escalier social. Pourquoi escalier? L’ascenseur est-il en panne ?

Il l’est tellement et depuis tellement longtemps qu’il faut arrêter les grandes images. L’escalier, c’est la notion d’effort. Il faut renouer avec la possibilité de s’en sortir en travaillant. J’avais fait de la question du pouvoir d’achat et du travail, au moment de la campagne présidentielle, avant la primaire, l’axe central de ma campagne. Je n’étais pas dans le faux.

Vous aviez dit après la primaire des LR, en décembre 2021, que vous renonciez à toute ambition nationale. Vous visez donc aujourd’hui la présidentielle de 2027 ?

Mon énergie est toujours la même, elle est intacte. J’ai les mêmes convictions mais il faut des idées nouvelles. La situation de notre pays dans quelques années et au- delà de 2027 attend d’autres réponses. C’est la question de l’écologie mais attention, il faut marier économie et écologie. On ne peut en tout cas pas être préoccupé tout l’été et tout oublier à la rentrée.

Le 18 congrès des Régions se tient les 15 et 16 septembre à Vichy. Pour vous, renforcer les compétences des Régions fait partie des nouvelles réponses à apporter ?

Notre pays se porterait mieux s’il était plus simple. Pour ça, il faut un nouveau projet de société : ce que j’appelle la Republique des territoires, une nouvelle répartition des rôles. Paris doit décider de moins de choses mais ce dont Paris s’occupe, il doit s’en occuper mieux: l’égalité, la justice, le contrôle de l’immigration, la diplomatie. Pour le reste, qu’on fasse confiance aux territoires. Pas seulement aux élus mais aussi aux entrepreneurs.

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