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Marseille : Catherine Pila (LR), « Notre groupe dérange la majorité municipale » (La Provence)

Entretien avec Catherine Pila (LR), qui préside le groupe Une Volonté pour Marseille

Article par La Provence : https://www.laprovence.com/article/papier/6871707/notre-groupe-derange-la-majorite-municipale.html

Article de Antoine Marigot

Elle a pris la présidence du principal groupe d’opposition en juillet 2020, au lendemain de la défaite de la liste LR Une Volonté pour Marseille lors des municipales. Deux ans plus tard, Catherine Pila (LR) revient sur le rôle des élus de droite et du centre « vigilants et constructifs », au terme d’un exercice 2021- 2022 notamment marqué par des différences de positionnement au moment de soutenir un candidat à la présidentielle : alors qu’une majeure partie du groupe s’est prononcée en faveur de la LR Valérie Pécresse, d’autres, à l’instar de Martine Vassal – « notre cheffe naturelle » – ont affiché leur soutien à Emmanuel Macron…

Quel bilan dressez-vous après deux ans à la tête du principal groupe d’opposition ?

Catherine Pila : Un bilan positif dans la mesure où l’on s’est bien rendu compte qu’Une Volonté pour Marseille, qui se veut depuis le début constructif et dans la dénonciation de certaines choses, pouvait déranger la majorité. Preuve en est, nous n’avons toujours pas eu accès aux conclusions de la mission d’information et d’évaluation sur l’organisation des élections départementales et régionales, que nous avons lancée en septembre 2021. Pourtant, elles auraient dû être rendues le 31 mars dernier. Nous restons dans la droite ligne que nous nous étions fixée : nous dénonçons l’inaction municipale et nous accompagnons une partie des projets municipaux, dont nombre ont été initiés sous les précédentes mandatures.

Vous parlez d’inaction municipale… dans quels domaines ?

On a toujours tendance à dire que ce qui n’est pas fait dans le premier tiers du mandat ne sera jamais réalisé. Rien ne s’est fait pendant deux ans. Il y a eu beaucoup d’effets d’annonce comme la piétonnisation du Vieux-Port, la gratuité des piscines, le recrutement annoncé des policiers municipaux… Après, il y a la réalité : rien de concret n’est sorti, hormis la critique du passé, de l’héritage Gaudin. On est dans une ville qui se délabre, où l’insécurité est grandissante, avec des faits de délinquance chaque jour, des agressions, des crimes… Ça pèse sur l’image de la ville et nous attendons que le maire agisse via son pouvoir de police. Aussi, la majorité municipale déconsidère l’opposition : Pierre Robin, qui préside la commission des finances, reçoit les rapports le jour même des commissions. Ça montre à quel point l’opposition peut inquiéter et gêner cette majorité.

En deux ans, votre groupe a perdu quatre élus, dont deux ont déjà rejoint celui du Printemps marseillais. Et votre groupe se trouve affaibli…

Non, je ne vois pas ça comme ça. Le groupe s’est assaini : des personnes ont voulu tenter l’aventure municipale et ont finalement eu des ambitions personnelles déplacées. Pour nous, ce n’est pas du tout un sujet. Quand on veut construire en groupe, on le fait avec des personnes motivées et quand l’envie n’y est pas et que les critiques sont infondées, rien de constructif ne peut se faire. On est sur un enjeu local et non national et l’enjeu local est de s’opposer au Printemps marseillais.

Il n’y aura plus d’élection locale avant 2026. L’heure est-elle à l’apaisement ?

C’est ce que l’on souhaite. La majorité se plaint sans cesse du manque de concertation mais quand on tend la main, on n’a personne pour nous répondre. La concertation, on l’attend sur de nombreux sujets comme le Boulevard urbain sud ou sur le tramway vers les Catalans, que la majorité veut bloquer alors qu’ils font l’unanimité chez les Marseillais. Martine Vassal a prouvé qu’elle savait écouter, notamment sur le tracé du tramway de la Belle-de-Mai. Maintenant, on espère la même écoute du côté de la majorité.

Martine Vassal a dit qu’elle pensait à 2026. Ne doit-elle pas prendre la tête de l’opposition municipale de droite ?
Martine Vassal est présidente de la Métropole et du Département, où elle mène des chantiers avec énormément de courage. Je le dis avec beaucoup de fidélité et d’admiration : c’est une femme volontaire qui mène une politique volontariste et je pense qu’elle à d’autres charges à mener, plus lourdes que celle de présidente de groupe. Mais la cheffe naturelle, c’est elle, puisque c’est elle qui a conduit notre liste en 2020.

Vous souhaitez qu’elle mène aussi une liste en 2026 ?

C’est une autre question qui viendra plus tard. Mais la cheffe naturelle sur cette mandature et au-delà je l’espère, c’est Martine Vassal.

Sa décision de soutenir Emmanuel Macron lors de la présidentielle a vivement fait réagir au sein de votre groupe. Se présentera-t-il uni à la rentrée ?

On va avoir des discussions, ça c’est certain. J’échange au quotidien avec mes collègues et nous verrons ce que les uns et les autres veulent faire. Des ambitions existent, elles sont légitimes, mais aujourd’hui on est unis. La question, ce serait plutôt de savoir pourquoi cette unité poserait problème alors qu’elle n’existe pas au sein de la majorité, divisée en trois groupes.

La droite peut-elle se retrouver divisée en plusieurs groupes dès les prochaines semaines ?

L’avenir le dira. Ce qui est certain, c’est que nos valeurs motivent nos combats. Et il ne faut pas se tromper : notre combat, il est contre le Printemps marseillais qui ne propose pas de projet structurant, qui est dans l’immobilisme et qui participe à la dégradation de la ville. Le combat n’est pas entre nous mais contre cette inertie municipale.

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