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Xavier Bertrand: « Aux législatives, le vrai vote utile, c’est le vote LR » (Le Figaro)

Article par Le Figaro : https://www.lefigaro.fr/elections/legislatives/xavier-bertrand-aux-legislatives-le-vrai-vote-utile-c-est-le-vote-lr-20220609

Article de Emmanuel Galiero

LE FIGARO.- Comment expliquez-vous l’atonie de cette campagne?

Xavier BERTRAND.- Le premier responsable, c’est Emmanuel Macron. Il a fait l’impasse sur la campagne présidentielle comme sur celle des législatives avec un gouvernement quasi muet et une absence délibérée de projet. À peine commencé, ce quinquennat ne suscite aucun enthousiasme, alors que toute présidentielle devrait porter un espoir. Le comble, il annonce un Conseil national de la refondation qui vide l’Assemblée de sa substance, avant même l’élection. Mais les Français n’ont pas envie de donner un blanc- seing au président.

Pourquoi un électeur de droite, effrayé par la Nupes mélenchoniste, devrait-il choisir un député LR dimanche après avoir voté Macron à la présidentielle ?

Les électeurs de droite savent que notre pays ne pourra pas se moderniser sans réformes courageuses et justes. Jean-Luc Mélenchon veut bloquer les réformes. Emmanuel Macron n’a pas envie de les faire. La seule façon de faire avancer la France, c’est de voter Les Républicains. Beaucoup de nos électeurs ont voté Macron pour éviter un duel Mélenchon/Le Pen, mais aux législatives, ce risque n’existe pas. Les Français ne veulent certainement pas Jean- Luc Mélenchon premier ministre. Nos députés sortants ont été élus en 2017 après une victoire beaucoup plus large d’Emmanuel Macron qu’en 2022. Ils ont fait la preuve de leur solidité et sont les meilleurs remparts face aux extrêmes. Quant aux sondages, qui peut se dire expert en science électorale aujourd’hui sachant que toutes nos références ont volé en éclats lors des deux dernières présidentielles ? Nombre de Français se décident désormais dans les dernières 48 heures.

Pourquoi insistez-vous sur les électeurs de droite «trahis»?Depuis la présidentielle, nous assistons, de la part d’Emmanuel Macron, à un festival de signaux envoyés à la gauche, voire à l’extrême gauche. Beaucoup d’électeurs de droite qui ont voté pour lui se sentent en effet trompés et trahis. Recul sur l’âge de la retraite à 65 ans, nomination de Mme Borne sous pression de l’aile gauche de LREM, M. Ndiaye à la place de Jean-Michel Blanquer à l’Éducation nationale, silence assourdissant sur la sécurité après l’humiliation du Stade de France, refus de publier le programme de stabilité budgétaire… Si les électeurs veulent rééquilibrer la politique du pays en matière de sécurité, d’autorité, de politique migratoire, de reconnaissance de la valeur travail, de pouvoir d’achat des salariés comme des retraités et de réduction de la dette, le vrai vote utile dimanche, c’est le vote LR. Avec un groupe fort et indépendant, nous pourrons imposer ces débats à l’Assemblée. Les Français savent qu’Emmanuel Macron ne changera pas s’il obtient une majorité absolue. Je ne crois pas à la disparition des LR. Plus nous saurons nous montrer unis, plus nous serons une force d’avenir. C’est la clef.

Quand Bruno Retailleau invite à ne donner aucune consigne de vote entre les deux tours, que lui répondez-vous?

Il refuse de tomber dans le piège tendu. Ne faisons pas le 2e tour avant le 1er! D’autant que je suis convaincu, en étant en permanence sur le terrain, que les candidats de la droite et du centre seront très souvent présents au second tour et en position de l’emporter. Par ailleurs, pourquoi les résultats des Français de l’étranger et de la Polynésie ont-ils été diffusés une semaine avant le 1er tour?

Quelles conditions devront être réunies pour que l’unité de votre famille politique n’explose pas?

Je ne crois pas à la disparition des LR. Plus nous saurons nous montrer unis, plus nous serons une force d’avenir. C’est la clef. Mais pour cela, il y a deux conditions: nous devons être forts à l’Assemblée et conserver cet esprit d’unité et d’indépendance. Emmanuel Macron sera alors obligé de nous entendre et cela changera totalement la donne politique.

Vous semblez tous d’accord à droite sur la nécessité de clarifier la ligne politique après ces élections, mais les visions de cette clarification divergent. Comment la droite et le centre pourront- ils continuer à cheminer ensemble?

On nous prédisait un éclatement. Tout le monde en a été pour ses frais. Notre réponse a été l’unité. Des personnalités comme Christian Jacob, Gérard Larcher, Laurent Wauquiez, David Lisnard, Rachida Dati et moi-même, nous nous sommes engagés pleinement. Mais au-delà des personnalités, l’enjeu est bel et bien l’avenir d’une droite républicaine et populaire. La ligne politique et la stratégie devront être tranchées dans les mois et les années qui viennent, c’est une certitude. Tout le monde en est d’accord. La jeune génération aura aussi son mot à dire. Le renouvellement ne pourra pas se faire sans que nous permettions à ces jeunes élus de prendre des responsabilités accrues. Nous ne réussirons pas la reconstruction sans leur permettre de jouer un rôle majeur. Pour faire oublier que son programme nous conduirait au drame, que ses déclarations sur les forces de l’ordre sont une honte, Jean-Luc Mélenchon a réussi à créer un match illusoire qui ne repose sur rien de réel.

Coincée entre Macron et Mélenchon, comment la droite règlera- t-elle son problème d’incarnation?

Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron ont des intérêts liés. Pour faire oublier que son programme nous conduirait au drame, que ses déclarations sur les forces de l’ordre sont une honte, Jean-Luc Mélenchon a réussi à créer un match illusoire qui ne repose sur rien de réel. C’est un hold-up médiatique. La meilleure réponse, c’est de voter utile. C’est donc de voter Les Républicains. Quant à la question de l’incarnation, chaque chose en son temps. Aujourd’hui, il n’y a qu’une priorité: les législatives. Car rien ne réussira sans un groupe fort de la droite républicaine à l’Assemblée nationale.

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