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« Cessons de financer la guerre de Poutine » : l’appel de Vincent Chriqui pour un embargo sur le gaz russe (Le JDD)

TRIBUNE. Maire Les Républicains de Bourgoin-Jallieu et auteur de « Comment sauver la planète sans se priver de tout », Vincent Chriqui plaide pour un embargo immédiat sur le pétrole et le gaz russes, qui financent la guerre en Ukraine. Voici sa tribune : 

Article par le JDD : https://www.lejdd.fr/Politique/cessons-de-financer-la-guerre-de-poutine-lappel-de-vincent-chriqui-pour-un-embargo-sur-le-gaz-russe-4100450

La guerre en Ukraine a provoqué des sanctions sans précédent de la part de l’Occident. Mais ces sanctions ont une limite : elles ont été conçues pour épargner le pétrole et le gaz, c’est-à-dire l’essentiel. Car sur le plan géopolitique, la Russie, c’est « une station-service avec des missiles ». C’est de là que l’État tire 40 % de ses ressources.

Ce choix, le choix de ne pas aller jusqu’au bout des sanctions, est lié à notre dépendance à l’égard de la Russie. Le gaz russe en particulier représente 40 % de la consommation européenne (mais moins de 20 % pour la France). Le sommet de Versailles a certes abouti à l’engagement de faire cesser cette dépendance, mais dans cinq ans !

En achetant notre énergie à la Russie, c’est nous qui finançons l’effort de guerre de Vladimir ­Poutine

Il faut dire les choses : en achetant notre énergie à la Russie, c’est nous qui finançons l’effort de guerre de Vladimir ­Poutine. Les seules ventes de pétrole à l’Europe représentent des recettes quotidiennes de 300 millions de dollars : c’est assez pour acheter 150 tanks chaque jour. Nous aidons la résistance ukrainienne et simultanément nous aidons – bien plus massivement – le régime russe à lui faire la guerre. C’est insupportable.

Cette dépendance est d’ailleurs aussi une faiblesse et un danger : après tout, la Russie pourrait d’elle-même décider de nous « couper le gaz » à tout moment.

En outre, diminuer notre consommation de pétrole et de gaz est une nécessité si nous voulons faire face au défi climatique.

L’Agence internationale de l’énergie a publié un plan en 10 points pour réduire notre dépendance au gaz russe. Les solutions : diversifier nos approvisionnements, développer les énergies renouvelables et le nucléaire, remplacer les chaudières à gaz par des pompes à chaleur, accélérer les travaux de rénovation thermique, réduire un peu la température intérieure…

Nous pouvons aider à sauver l’Ukraine et contribuer en même temps à sauver la planète. Nous répondons, surtout, à une obligation morale

C’est simple, ces mesures représentent tout ce que nous devons faire pour réduire nos émissions de carbone. Aujourd’hui nous avons ainsi cette opportunité unique : nous pouvons aider à sauver l’Ukraine (ou, plus précisément, cesser d’aider la Russie à l’opprimer) et contribuer en même temps à sauver la planète. En investissant massivement dans la transition énergétique, nous répondons aux deux défis existentiels de notre époque, la sécurité et le changement climatique.

Et nous répondons, surtout, à une obligation morale. J’ai vu dans ma commune les habitants – comme tous les citoyens partout en France – se mobiliser massivement, en offrant des aides et en proposant d’accueillir des réfugiés. Ils voient, nous voyons tous, l’agonie d’un peuple courageux, soumis à la barbarie et à la terreur pour avoir été seulement coupable de vouloir vivre en paix et en liberté. Ils savent, nous savons tous que c’est l’avenir de l’Europe qui se joue à Kiev, Kharkiv et Marioupol.

C’est pourquoi je suis persuadé que les Français, et les Européens, sont prêts à un effort supplémentaire. Prêts à accepter de baisser la température de quelques degrés et de porter un pull à l’intérieur, même de payer plus cher l’essence et le gaz, au moment où les Ukrainiens s’entassent dans des sous-sols et meurent sous les bombes.

Il faut un embargo total et il doit être décidé maintenant

Bien sûr, pour beaucoup de nos concitoyens, la question de la disponibilité et du prix de l’énergie est essentielle. Se chauffer correctement, prendre sa voiture est devenu un luxe pour certains. Si nous allons jusqu’au bout de l’embargo, il faudra des mesures d’accompagnement fortes, pour réduire les taxes sur l’énergie et surtout aider les ménages les moins favorisés. Cela aura un coût.

C’est nécessaire. Nous n’allons pas faire la guerre en Ukraine. Mais nous ne pouvons pas continuer à financer nous-mêmes les exactions russes à chaque fois que nous faisons le plein d’essence ou que nous allumons nos radiateurs.

Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles le drame ukrainien nous touche : la proximité, le courage des Ukrainiens et de leur président, l’inhumanité des agresseurs, le souvenir de l’occupation que nous avons nous-mêmes connue dans l’histoire. Mais surtout, rien ne pouvait justifier l’agression de l’Ukraine, elle est inexcusable, et M. Poutine en est l’unique responsable.

La question de l’embargo est illuminée de la même clarté morale. Il n’y a pas de compromis possible. Il faut un embargo total et il doit être décidé maintenant. 

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