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Redevenu LR, Xavier Bertrand regarde devant lui

Eliminé dès le premier tour du congrès LR, le patron des Hauts-de-France est très présent dans la campagne de Valérie Pécresse. Il est bien décidé à peser à droite

Article par l’Opinion : https://www.lopinion.fr/politique/redevenu-lr-xavier-bertrand-regarde-devant-lui

Par Ludovic Vigogne

Vanessa Williot-Bertrand est l’épouse de Xavier Bertrand. Le 3 décembre, lendemain des résultats du premier tour du congrès LR, qui avaient sèchement sonné le glas des ambitions présidentielles de son mari, elle postait un message sur Facebook, qui a beaucoup touché les soutiens de celui-ci. « Nous changeons de parcours (…) Une nouvelle vie s’ouvre à nous, plus libre, plus personnelle. Nous nous y étions aussi préparés », écrivait-elle. Sept semaines plus tard, il n’y a plus de doute permis : cette « nouvelle vie » restera d’abord politique.

Depuis dix jours, Xavier Bertrand a repris la route pour sillonner la France et tenir des réunions publiques. Mercredi, il a fait son retour médiatique sur BFMTV. A chaque fois, cela a été l’occasion pour lui de marteler les qualités de Valérie Pécresse. Le président des Hauts-de-France s’est mis totalement au service de la candidate LR à l’Elysée. Cela a même été immédiat le 2 décembre. Dès qu’il a appris qu’il était quatrième avec 22,36% des suffrages des adhérents LR, il a pris aussitôt son téléphone. « Xavier, tu ne me laisses même pas le temps de t’appeler », a réagi la patronne d’Ile-de-France en décrochant…

Conseils. Aujourd’hui, Valérie Pécresse et lui échangent quasiment tous les jours. Xavier Bertrand participe à nombre de réunions au QG. Il distille ses conseils à la candidate. Il insiste en permanence pour que le régalien reste l’axe central de sa campagne. Il a fortement plaidé pour qu’elle fasse une grand-messe mi-février afin d’expliquer là où elle veut emmener les Français. De son côté, l’élue francilienne compte sur lui pour capter le vote populaire, parler à la province. « Si aucune de mes convictions profondes sur les classes moyennes et la République des territoires n’avait trouvé sa place dans sa campagne, je ne serais pas aussi à l’aise que je le suis », assure-t-il.

Au sein de l’équipe, Xavier Bertrand est en effet en charge de cette dernière thématique. Cela le place au centre du dispositif programmatique. La décentralisation est une priorité de la candidate. Ce sera le premier moyen pour elle de faire des économies. Nombre de secteurs passent ainsi au travers de ce filtre et donc au tamis de Xavier Bertrand. Dans ces conditions, si Valérie Pécresse accède à l’Elysée, cela en fait-il le prétendant idéal pour Matignon ?

« Ces dernières années, il me répétait qu’il arrêterait la politique s’il échouait à la présidentielle, qu’il n’acceptait plus l’idée d’obéir à quelqu’un d’autre. Il m’a toujours dit: “Etre Premier ministre, jamais!” », rapporte un élu du Nord, qui le connaît bien. Il note aujourd’hui son évolution. Xavier Bertrand a très vite tourné la page du congrès LR. Il regarde devant, a toujours de l’appétit ; après tout, la vie est longue, rien ne se passe jamais comme prévu. « Si tu n’intègres pas qu’en politique, la défaite est proche de la victoire, cela ne peut pas marcher », argue-t-il. Au final, il explique d’abord sa défaite par une question de potentiel. Valérie Pécresse ou Eric Ciotti avaient l’avantage d’être des élus de terres pesant lourd par rapport au nombre total des adhérents LR. Ce n’est pas le cas des Hauts-de-France.

Perspective. C’est un autre signal : ce samedi, l’ex-ministre du Travail a transformé Nous France, la bannière qu’il avait mise en avant cet automne, en mouvement politique. Celui-ci va se substituer à la Manufacture, le think tank qu’il avait créé en 2013. Dès le 15 décembre, il avait prévenu ses troupes dans un message : « Nous France va se structurer pour porter haut le gaullisme social. » Détail important : son mouvement est associé à LR. Le protocole vient d’être signé. Xavier Bertrand, qui avait repris sa carte des Républicains en octobre dernier (il l’avait rendue en décembre 2017 après l’élection de Laurent Wauquiez), entend bien rester au sein du parti quoi qu’il se passe lors de la présidentielle et un acteur de premier plan à droite.

Après l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron, il montera davantage en puissance. Il prépare déjà le tour de France qu’il fera à cette occasion. Selon lui, à la fin des fins, la clé de l’élection sera le rejet ou non du Président sortant. Dans cette perspective, d’ores et déjà, il prévient : « Sa réélection plongerait le pays dans de grandes difficultés. » Pour ce face-à-face qu’il avait tant préparé et qu’il ne mènera pas, il garantit n’avoir aucune frustration.

Après sa défaite, parmi les messages de sympathie qui ont afflué (de François Baroin à Laurent Wauquiez), ce qui l’a le plus touché est le coup de fil de Nicolas Sarkozy. L’ancien chef de l’Etat, qui l’a félicité pour la dignité de sa réaction après son échec, lui a aussi glissé que cela lui rappelait son expérience en 1999, après l’humiliation des européennes. En 2002, il devenait un surpuissant ministre de l’Intérieur ; en 2007, il remportait l’Elysée…

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