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La sécurité à nouveau – Discours de Saint-Quentin


 

Mesdames et messieurs, mes chers amis,

Vous présenter ici, à Saint-Quentin, dans cette ville dont je suis élu, où je vis, mes propositions pour la sécurité, c’est rappeler combien en la matière toute solution naît de la réalité du terrain.

Sans expérience d’élu local, il est impossible de comprendre toutes les formes d’insécurité qui aujourd’hui fracturent notre pays. Il est impossible d’apprécier l’action des forces de sécurité. Il est impossible de ressentir ce que vivent les Français.

 

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Assurer la sécurité des citoyens, c’est le premier devoir de l’État.

Car sans sécurité, la peur remplace la liberté.

Sans sécurité, la loi du plus fort remplace l’égalité.

Sans sécurité, la défiance remplace la fraternité.

Nous ne relèverons pas la France si on ne met pas comme préalable, comme priorité absolue, la restauration de l’autorité dans notre pays.

L’autorité permet le respect des règles communes. Elle assure la cohésion de la Nation. Elle fonde l’idée même de justice.

Emmanuel Macron l’a oublié.

Il n’a pas mesuré combien nos concitoyens étaient livrés à la violence du quotidien, à la loi des bandes, des gangs.

Il n’a jamais mesuré l’explosion de la criminalité et de la délinquance.

Les postures martiales, les discours de circonstance, les avalanches de milliards et autres « plans Marshall » sans lendemain ont marqué ce quinquennat, les mises en scène électorales à Marseille, à Roubaix ou ailleurs, n’ont fait que renforcer la défiance des Français.

Les victimes de cette démission de l’État, les vraies, ce sont toujours les mêmes.

Les plus modestes, en particulier ceux qui n’ont d’autre choix que de vivre dans des quartiers gangrénés par le trafic de drogues, meurtris par les guerres entre des bandes de plus en plus jeunes.

Les affrontements entre bandes rivales ont lourdement augmenté en 2020. Plus inquiétant, le nombre total de violences homicides, incluant les tentatives, qui était en baisse depuis des années, connaît une hausse sous ce quinquennat.

Les victimes, ce sont les plus vulnérables, les personnes âgées, les personnes isolées, celles qui rentrent tard chez elles.

Les victimes, ce sont les travailleurs dont on brûle la voiture, dont on cambriole la maison.

Ce sont les élus, les maires que l’on agresse alors qu’ils consacrent leur vie à leurs concitoyens.

Ce sont les policiers et les gendarmes eux-mêmes, celles et ceux qui sont en première ligne pour assurer notre protection, qui doivent encaisser les insultes, les coups et les tirs de mortiers.

En cinq ans, une centaine de policiers et gendarmes a perdu la vie dans l’exercice de leur mission. Les policiers et les gendarmes sont devenues des cibles.

Nous devons absolument mieux les protéger, eux comme leur famille.

Nous ne devons plus tolérer que les forces de l’ordre subissent les agressions verbales de politiciens d’extrême-gauche et d’ailleurs.

Nous ne devons plus tolérer que les policiers et les gendarmes soient mis en accusation permanente.

Nous leur devons respect et considération. Il y a peu d’autres métiers où l’on part de chez soi le matin, sans être sûr de pouvoir embrasser ses enfants le soir.

La proposition, faite hier par Emmanuel Macron, de créer un nouvel outil de contrôle des forces de l’ordre – un de plus –, participe à cette mise en cause généralisée des forces de l’ordre.

Pour ma part, je leur fait confiance pour accomplir leur mission avec exemplarité.

L’heure est grave.

J’entends l’exaspération et la colère de nos concitoyens.

Demain, si l’on ne fait rien, certains se feront justice eux-mêmes.

Et après-demain, ce serait la guerre civile.

Le rôle d’un Président, c’est de tout faire pour l’éviter.

A ceux qui ne voient plus la différence entre la droite et la gauche, je veux rappeler que sous le mandat de Nicolas Sarkozy, la délinquance a baissé. Depuis, elle ne fait qu’augmenter.

Quand on prend la mesure du défi sécuritaire, quand on a le courage et la volonté politiques, quand on accepte de porter les sujets sans tabou, alors les solutions s’imposent d’elles-mêmes.

Le Chef de l’État est le chef des armées. Il doit être aussi le Chef des forces de sécurité.

Chacun sait que c’est à l’Élysée que doivent se prendre les orientations importantes pour la protection des Français. C’est l’autorité du Chef de l’État qui doit s’imposer lorsque la sécurité de nos compatriotes est en jeu. Et c’est le Chef de l’État qui doit être responsable, devant les Français, des résultats de sa politique.

Si les Français me font confiance, je ferai, je l’ai dit, un seul mandat de 5 ans.

Un seul mandat pour faire plutôt que pour durer.

Un seul mandat pour prendre les décisions nécessaires sans constamment penser à la prochaine élection.

Un seul mandat tourné intégralement vers le service de la France et des Français.

Mes chers amis, ce mandat sera celui de la fin de l’impunité.

 

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Protéger les Français, c’est retrouver des principes simples.

Le premier principe, c’est que toute personne qui commet un délit ou un crime doit avoir la certitude qu’elle sera sanctionnée.

Les Français sont exaspérés par l’impunité qui s’est développée.

Alors qu’on les sanctionne au moindre dépassement de stationnement, au moindre retard de paiement, ils voient qu’il n’arrive souvent rien au fumeur de joint à côté, ni au petit caïd qui impose sa loi à tout un quartier.

L’impunité est telle que plus de la moitié des amendes pénales ne sont jamais recouvrées.

Tout cela n’est plus supportable.

Je veux que les amendes soient réglées immédiatement. A défaut, elles seront saisies directement sur les salaires ou, le cas échéant, sur certaines prestations sociales, comme le RSA.

Je veux donner la possibilité au procureur de prononcer, sans passer par un juge du siège, des peines d’amende ou des travaux de réparation ou de réinsertion, pour tout délit dont la peine encourue est de moins de 5 ans. Cela permettra à la justice de passer plus rapidement.

Rétablissons les courtes peines de prison, même inférieures à un mois, car une peine courte peut être une bonne mesure pour permettre une prise de conscience qui empêchera le basculement dans une forme de délinquance plus grave, ou dans la récidive.

J’acterai aussi le rajeunissement de la délinquance, en ramenant la majorité pénale à 15 ans. A cet âge, on encourra la même peine que les adultes et on répondra de ses actes devant un nouveau juge spécialisé, le juge pénal des mineurs.

En outre, la justice des mineurs doit passer plus vite. La rapidité de la sanction est l’une des clefs de la lutte contre la récidive. C’est pourquoi les mineurs récidivistes de plus de 15 ans pourront désormais être déférés en comparution immédiate. Trop souvent, les délais de jugement sont tels que le délinquant est jugé comme un mineur, alors qu’entre temps il est devenu majeur.

Je mettrai aussi en place des peines minimales obligatoires pour les récidivistes, et pour les crimes et délits les plus graves.

A titre d’exemple, tous ceux qui seront reconnus coupables d’agression sur les forces de l’ordre, sur les pompiers, sur les magistrats, ou sur les maires seront passibles d’une peine minimale d’un an de prison ferme, avec comparution immédiate et mandat de dépôt à l’audience.

Je veux que l’on prenne bien la mesure de la révolution que je propose en la matière.

Aujourd’hui, la loi prévoit une peine maximum. Demain, je veux que la loi fixe aussi un minimum. Le juge pourra aggraver la peine, mais il ne pourra plus descendre en dessous de ce minimum : en cas de crime ou de délit visé par une peine minimale obligatoire, la sanction sera désormais certaine. Une modification constitutionnelle est nécessaire. J’y suis prêt. Les Français aussi.

Le deuxième principe, c’est que toute personne condamnée à une peine, même légère, doit l’effectuer rapidement.

Cela semble être une évidence, et pourtant.

Aujourd’hui, même condamné à un an de prison ferme, on ne va que rarement en prison.

Et lorsque l’on va en prison, c’est bien souvent plusieurs mois, voire plusieurs années, après y avoir été condamné. Quel sens a encore une peine lorsqu’elle n’est pas effectuée rapidement ?

Pire, on remet des délinquants en liberté parce qu’on manque de places. La libération de 10% de la population carcérale en plein cœur de la crise sanitaire, est révélatrice de cette forme de gestion immobilière de la délinquance.

La priorité absolue de notre politique pénale, c’est donc la construction de nouvelles places de prison.

Pour avoir une politique pénale crédible et efficace, une démocratie comme la nôtre doit disposer de 80.000 places de prison au minimum. C’est 20.000 de plus qu’aujourd’hui.

En deux ans, nous devons être capables de reconvertir des sites désaffectés en centres de détention pour les délinquants les moins dangereux.

Dans le prochain quinquennat, des cités pénitentiaires, du type de celle de Fleury-Mérogis, doivent sortir de terre pour permettre d’atteindre rapidement les 80.000 places. Il s’agira d’une priorité nationale.

Les communes qui accepteront d’accueillir une prison verront leur dotation globale de fonctionnement fortement augmentée, car elles rendent un service essentiel à la collectivité nationale.

Je mettrai aussi un terme définitif aux aménagements de peine quasi automatiques. Les aménagements de peine de prison ne pourront être accordés qu’à ceux qui présentent un comportement irréprochable et toutes les garanties de réinsertion et de non-récidive.

Je souhaite enfin que tout détenu étranger soit systématiquement expulsé à l’issue de sa peine de prison.

Ainsi, nous pourrons engager la grande révolution pénale du XXIe siècle que réclament les Français : que les peines prononcées soient vraiment exécutées, et qu’elles le soient rapidement.

 

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Une fois ces grands principes posés, je veux insister sur trois défis majeurs pour le rétablissement durable de la sécurité de notre pays.

Le premier, c’est de lutter contre le phénomène des bandes qui installe l’ultra-violence au cœur de nos villes et, de plus en plus, de nos campagnes.

Les mesures que je viens d’annoncer sur la délinquance des mineurs sont une première réponse.

La deuxième, c’est de condamner ceux qui restent sciemment dans un groupe qui est en train de commettre des violences volontaires, alors que rien n’empêche de s’en désolidariser. Lorsqu’on est solidaire du crime, on doit être solidaire de la peine.

La troisième, c’est de rendre systématique l’éloignement du quartier d’origine des meneurs, et de porter la durée maximale de cette interdiction à dix ans.

Ce qui vaut pour les bandes ultraviolentes vaut aussi pour la délinquance du quotidien : les occupations violentes de halls d’immeuble, les harcèlements, les rackets à la sortie d’un collège ou d’un lycée doivent pouvoir être sanctionnés par plusieurs mois d’interdiction de revenir dans le quartier, pour laisser les braves gens tranquilles.

Le deuxième défi, c’est le trafic de stupéfiants, qui est à l’origine d’autres trafics, du grand banditisme, du terrorisme.

Pour protéger notre jeunesse, tous les moyens doivent être engagés dans la lutte contre les drogues. Tous les acteurs de terrain vous le diront : cette guerre ne peut être gagnée que sur ses deux fronts, sécuritaire et sanitaire.

Depuis 5 ans, Emmanuel Macron se trompe de stratégie : il croit combattre les trafics en s’attaquant seulement aux dealers.

Sa volonté de lancer un « grand débat national sur la consommation de drogue », comme il l’a annoncé en avril dernier, trahit son malaise sur ces sujets. Quel débat peut-il y avoir s’agissant de la dangerosité de la consommation de drogue, qui détruit une partie de notre jeunesse et gangrène des quartiers entiers ?

Hier, à Roubaix, Emmanuel Macron a indiqué que 100.000 amendes pour consommation de drogue auraient été infligées. Je pose une question simple : ont-elles toutes été payées ?

Ces amendes, elles ne devront concerner que les primo-délinquants.

Les consommateurs récidivistes, eux, devront eux, systématiquement, suivre une obligation de soins pour pouvoir échapper à une peine supplémentaire. Les injonctions thérapeutiques doivent être suivies d’effet. La politique de prévention de la consommation de drogues dans notre pays n’est pas à la hauteur : pour multiplier les obligations de soins, nous devrons largement augmenter le nombre de places en centres d’addictologie.

Le démantèlement des trafics deviendra une priorité de notre action diplomatique, notamment vis-à-vis des pays producteurs. La saisie des biens appartenant aux dealers sera généralisée. Parce que le seul démantèlement de points de deal ne suffit pas, une action d’envergure doit être engagée contre les livraisons de drogue directement au domicile.

Enfin, je renforcerai considérablement les effectifs de police judiciaire dédiés à la lutte contre les stupéfiants, ainsi que les moyens humains dans les Juridictions interrégionales spécialisées.

Le troisième défi, c’est le terrorisme, car c’est la guerre de notre génération.

Les auteurs d’attentats terroristes ne seront plus libérables avant 50 ans, au lieu de 30 ans aujourd’hui, pour que nous soyons certains de les mettre hors d’état de nuire.

Il est temps que la République mène le combat face à ceux dont le projet politique est de détruire ce que nous sommes, notre identité, nos libertés, notre culture. Nous ferons évoluer le droit pour combattre l’islamisme, pour pouvoir condamner ceux qui propagent ces idées, pour expulser ceux qui sont étrangers, pour dissoudre les associations, notamment salafistes, qui en font la promotion, et pour fermer les lieux de culte qui les encouragent.

 

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Mesdames et messieurs, rien ne sera possible sans les femmes et les hommes qui composent la chaîne de sécurité, dont je salue le courage et le professionnalisme.

Leur matériel sera modernisé et la formation renforcée. Une urgence sera de mieux rémunérer les heures supplémentaires, les payer sans délai, pour dégager du temps opérationnel sur le terrain.

La justice doit être davantage soutenue. Nous le devons aux Français d’abord, et aussi aux femmes et aux hommes remarquables qui y consacrent leur vie.

Le nombre de magistrats est inférieur de moitié à celui de nos voisins européens, et les vacances de poste, chez les juges comme chez les greffiers, sont trop nombreuses.

« Justice à bout de souffle » proclamaient d’une seule voix le 26 février 2020 les syndicats de magistrats, les fonctionnaires de la justice, et les avocats. Je veux redonner confiance à nos procureurs, nos juges et aux personnels des juridictions.

Enfin, je souhaite considérablement renforcer la troisième force de sécurité intérieure, que sont les polices municipales.

Le rôle du maire est essentiel dans le maintien de la tranquillité publique, il doit être davantage reconnu notamment en matière de prévention de la délinquance qui elle aussi sera largement renforcée.

Donnons aux polices municipales la possibilité de se doter d’officiers de police judiciaire territoriaux, formés dans les mêmes conditions que les OPJ de la police et de la gendarmerie, et placés sous l’autorité du procureur.

Sous le contrôle des OPJ territoriaux, les policiers municipaux seraient autorisés à effectuer des contrôles d’identité, à mener des enquêtes sur les délits du quotidien. Je pense aux rodéos urbains, aux tapages nocturnes, à l’ivresse publique, aux dégradations, aux conduites sans permis, aux occupations illicites de halls d’immeuble par exemple.

La « République des territoires », dont j’ai tracé les contours lors de mon discours de Châlons, doit aussi se traduire concrètement en matière de sécurité.

 

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Mes propositions sont fortes, concrètes, et profondément respectueuses de l’Etat de droit. Elles apportent des réponses précises à des situations précises. Il n’y a ni tabous, ni périphrases. Elles sont motivées par deux préoccupations majeures : l’attention que nous devons aux victimes d’aujourd’hui ; et la vigilance que nous devons avoir pour éviter des victimes demain.

Mesdames et Messieurs,
Mes chers amis,

Je serai ce chef de l’Etat, chef des forces de sécurité qui ne se dérobera pas, qui dire clairement les choses, qui reconnaîtra pleinement les victimes.

Je serai ce chef des forces de sécurité qui protègera les Françaises et les Français, quelle que soit leur situation sociale, quel que soit l’endroit où ils vivent.

Je serai ce chef des forces de sécurité qui restaurera l’autorité de la police, de la gendarmerie, aussi bien que celle de la justice, en leur donnant enfin les moyens et la reconnaissance nécessaires.

Je serai ce chef des forces de sécurité qui armera notre pays contre l’islamisme, terreau du terrorisme.

Je serai ce chef de l’État qui veillera à la rapidité et à l’application de la sanction.

Je serai ce chef de l’État qui modifiera la Constitution pour mieux protéger les Français.

Je serai ce chef de l’État que vous jugerez sur les résultats de la politique claire et ambitieuse que je vous ai exposée aujourd’hui.

Je veux que nous puissions vivre en sécurité, à nouveau.
Vive la République, vive la France

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