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La République des territoires – discours de Châlons-en-Champagne

 Xavier Bertrand a détaillé ce mardi son projet de société, fondé sur la décentralisation, la proximité et la confiance accrue envers les territoires. Pour lui, la société française est en crise de sens : « La société française est malade. Elle est malade de l’indifférence. Elle est malade du travail qui ne paye plus. Elle est malade d’une organisation trop centralisée (…) Face à cette crise, le problème, c’est l’État. En voulant s’occuper de tout, l’État bloque tout ». Comme président de la République, Xavier Bertrand bâtira un autre État, centré sur ses missions principales pour redevenir utile et efficace.
Ainsi, Xavier Bertrand a présenté son projet de République des territoires, une République du bon sens : « Je veux passer d’un pays centré sur sa capitale, à un pays-capitale, où chaque territoire est considéré, où chaque citoyen sur chaque territoire voit que l’État est là pour lui ».
Il a présenté et détaillé plusieurs propositions :
  • La tenue d’une réforme constitutionnelle qui donnera aux collectivités la possibilité d’adapter les lois et règlements nationaux aux réalités locales. Les élus de terrain connaissant les besoins de leurs administrés mieux que quiconque.
  • Une baisse des impôts de production de 30 milliards d’euros pour rendre à nouveau notre pays attractif pour les investisseurs, favoriser la création d’emplois industriels et restaurer notre souveraineté économique.
  • Des mesures pour permettre aux acteurs locaux d’être plus efficaces, notamment les Préfets.
  • Faire vivre le mérite et le travail, en permettant à chacun d’avoir un « pouvoir de vivre » suffisant.
  • Relever les grands défis de l’agriculture – faiblesse du revenu agricole, crise humaine et morale, transition écologique à accompagner, politique européenne déconnectée -, et mettre fin à un agribashing injustifié.
  • Réintégrer l’école à la vie locale, en ne permettant plus de fermeture de classe en milieu rural sans accord du maire.
  • Mettre en place les conseillers territoriaux, représentants uniques au département et à la région.

 


 

Mesdames et Messieurs, mes chers amis

Parler ici, à Châlons, à la Foire de Châlons, ce n’est pas anodin pour moi, car c’est ici que je suis né.

Mais Châlons, c’est avant tout un symbole, celui d’une ville qui se bat. Châlons a connu dans les mêmes années le départ de l’armée, la perte de son statut de capitale régionale. Mais Châlons, ses élus, ses chefs d’entreprise, ses citoyens se sont battus pour redonner un véritable dynamisme à cette ville.

La Foire de Châlons est l’exemple de ce dynamisme. C’est le premier événement agricole de France après le Salon de l’agriculture de Paris.

Il était important pour moi de choisir ce grand rendez-vous pour vous présenter mon projet de République des territoires.

 

*

 

Soyons lucides : il faut que tout change !

La société française est malade. Elle est malade de l’indifférence. Elle est malade du travail qui ne paye plus. Elle est malade d’une organisation trop centralisée.

La société française est malade, malgré son haut niveau de protection sociale et sa volonté de contenir les inégalités, d’être devenue une société bloquée.

 

 

Qui se souvient du prénom des arrière-grands-parents de ses grands-parents ? Parce que six générations, c’est long !

Pourtant, six générations, c’est le temps qu’il faut aujourd’hui pour que les familles les plus modestes accèdent enfin à la classe moyenne.

Et la situation est plus difficile encore quand on vit loin du centre des grandes métropoles, au cœur de nos campagnes ou dans les quartiers.

La République est fondée sur le mérite. Mais de plus en plus de Français n’y croient plus. Ils y voient une supercherie, l’instrument d’une société de castes.

Pourtant, sans nos universités, nos grandes écoles, sans nos infrastructures, sans nos services publics, sans notre histoire, bref sans la Nation, personne ne pourrait réussir. Nous avons besoin de retrouver confiance en notre Etat, quelle que soit la Région, le département, la ville, le village où nous vivons.

Si nous sommes entrés dans une société de confrontation, dont la crise des gilets jaunes, ceux des ronds-points, n’a été que la première secousse, c’est que nous sommes fracturés sur l’essentiel. Qui peut penser que nous réussirons collectivement en laissant sur le côté la moitié au moins de la population et la moitié de nos territoires ?

Bien plus qu’économique, bien plus qu’identitaire, la crise est d’abord et avant tout une crise morale. C’est une crise de sens.

Face à cette crise, le problème, c’est l’État.

En voulant s’occuper de tout, l’Etat bloque tout.

 

 

L’État est en échec total là où c’est à lui d’agir : sur la sécurité, sur l’égalité des chances, ou sur la préparation de l’avenir.

Il étouffe la capacité d’initiative et d’innovation des territoires, des entreprises, des Français, sous les règles et les contrôles incessants.

Il ferme les yeux sur les gaspillages d’argent public, payés par nos impôts, et ne sait répondre à un problème que par une loi nouvelle, et des dépenses supplémentaires.

Sa lourdeur bloque le changement nécessaire pour répondre aux évolutions de la société, c’est- à-dire la prise de décision au plus près des réalités, en y associant les citoyens.

Il ne répond pas aux situations réellement vécues par les Français, qui ont le sentiment que l’Etat n’est pas pour eux, que l’Etat est loin de chez eux.

Cette faillite de l’État, ce n’est pas la faute des fonctionnaires, ils la subissent. J’ai été choqué qu’on veuille en faire les bouc-émissaires de l’impuissance de nos dirigeants. Si la structure, l’administration, sert un Etat centré sur lui-même, les fonctionnaires, eux, demandent une chose : qu’on leur laisse servir au mieux les citoyens. Débureaucratiser, c’est simplifier la vie des citoyens comme des agents. Et au-delà, je veux que l’on arrête de tout faire remonter à Paris : le fonctionnaire au contact du terrain doit pouvoir décider !

Quand on ouvre les yeux, on voit bien que la solution ne peut pas résider dans un simple catalogue de mesures nouvelles.

La situation exige des choix radicaux. Je ne veux pas moins d’État, mais je veux bâtir un autre État. Un Etat fort mais resserré, sur ses missions principales, où il redeviendrait utile et enfin efficace. Un Etat laissant la place aux initiatives locales, aux collectivités, aux acteurs économiques, aux associations, pour que les changements soient enfin concrets pour nos concitoyens, dans leur quotidien.

Je veux passer d’un pays centré sur sa capitale, à un pays-capitale, où chaque territoire est considéré, où chaque citoyen sur chaque territoire voit que l’Etat est là pour lui.

C’est la République des territoires.

 


Une République de proximité, une République d’efficacité, une République, pour reprendre les mots de Lamartine, “du bon sens”, ce bon sens si souvent moqué mais que les Français partagent.

 

*

 

La République des territoires, c’est mettre fin à la situation actuelle, à l’invraisemblable, où l’État s’immisce en permanence dans la vie des Français, et manque à sa mission première, qui est de leur garantir la sécurité.

Fort de tout ce que j’ai pu faire et apprendre dans les Hauts-de-France, je suis allé cet été à la rencontre des Français dans tous les territoires, dans toutes les Régions.

Ce sont toujours les mêmes sujets qui reviennent : comment est-ce possible que ceux qui respectent les règles subissent toutes les contraintes, et que ceux qui ne les respectent pas soient dans l’impunité ?

Comment est-ce possible qu’au XXIe siècle, en France, nous soyons obligés de rentrer chez soi en baissant la tête ou en évitant certaines rues, certains quartiers, pour éviter d’être confronté à la violence ?

Le chef de l’État est chef des armées. Il doit être aussi le chef des forces de sécurité. Ce que l’on attend de lui, ce n’est pas qu’il constate, impuissant, les conséquences catastrophiques du retrait d’Afghanistan. C’est qu’il sache prendre les décisions essentielles, comme celle de rester au Sahel tant que c’est nécessaire. Qu’il tape du poing sur la table quand c’est indispensable, comme cela doit être le cas pour vaincre l’islamisme.

J’ai eu l’occasion de présenter mes propositions en matière de sécurité, et je présenterai prochainement celles en matière d’immigration. C’est l’un des cœurs de l’Etat fort, mais resserré, que je souhaite.

Aujourd’hui, nos concitoyens ont l’impression que le couple justice-police ne fonctionne plus. Que lorsqu’un délinquant est arrêté, le délai de jugement est trop long, la peine rarement exécutée, faute de place dans les prisons. Alors qu’il faudrait que cette chaîne de la réponse pénale soit rapide et forte. Ce qui relève de l’Etat, il doit le faire bien et vite.

Aujourd’hui, construire une nouvelle prison met en moyenne 7 ans. 7 ans de peines parfois non-exécutés, de surpopulation carcérale. Il n’y a aucune fatalité à subir de tels délais. En travaillant main dans la main avec les élus locaux, en augmentant la dotation globale de fonctionnement pour les communes qui accueilleront un établissement pénitentiaire.

Avec de nouvelles procédures sous la responsabilité des préfets, nous pourrons diviser par deux ou trois le délai de construction, donner davantage de solution aux magistrats, et assurer enfin une réponse pénale efficace.

La République des territoires, c’est aussi permettre aux acteurs locaux d’être davantage efficaces. Il est temps que les Préfets puissent faire appliquer les obligations de quitter le territoire français, pour les immigrés clandestins, et a fortiori pour ceux condamnés. Il est temps que les préfets puissent fermer les mosquées salafistes. Je veux donner les moyens dont ils ont besoin aux représentant de l’Etat sur le terrain que sont les préfets à qui je fais confiance. Ce sont souvent les plus à mêmes d’apprécier les situations, et d’apporter des réponses. Ils ne doivent plus passer les plats entre le local et le national : ils doivent avoir le pouvoir d’adapter et d’interpréter, les lois et les règlements, de trancher, face au citoyen, face aux élus, de dire oui ou non sans attendre que Paris ne se prononce.

 


Au final, la responsabilité des dirigeants, ça n’est pas de se mêler de tout. Ça n’est pas s’abîmer dans la politique spectacle, ou de se prendre pour des acteurs de séries télévisées. Ça n’est pas non plus s’intéresser à la situation des Français seulement quand l’on vient de vivre, comme à Marseille, un été de drames et de violences.

 

*

 

Cet équilibre entre ce qui doit relever de l’État et ce qui doit relever des territoires, doit être redéfini pour l’emploi et l’économie.

La République des territoires fera vivre partout la société du travail, et de permettre à chacun d’avoir un « pouvoir de vivre » suffisant, là où il habite. Je reviendrai très prochainement sur ce thème avec des propositions précises.

La République des territoires nous permettra de recréer la souveraineté économique.

J’ai ainsi annoncé une baisse des impôts de production de 30 milliards d’euros, afin de rendre à nouveau notre pays attractif pour les investisseurs, et favoriser la création d’emplois industriels nouveaux en France. L’industrie ne se développera pas au cœur des métropoles : elles apporteront de l’emploi local au cœur des territoires. La réindustrialisation est un formidable outil de rééquilibrage et de réaménagement du territoire.

Mais je veux aller plus loin.

L’État doit retrouver pleinement sa mission de planification stratégique. Il ne s’agit pas de se substituer aux entreprises, mais d’avoir une vision à long terme.

 


Faisons ensemble à nouveau des choix audacieux et stratégiques, comme nous l’avons fait à juste titre hier pour le nucléaire, l’aéronautique ou l’aérospatiale. Comme je l’ai fait, en tant que Président de Région, en étant partie prenante à l’Airbus des batteries.

La France doit affirmer des priorités claires.

Je pense à la nouvelle génération de réacteurs nucléaires, à la filière hydrogène, aux supercalculateurs, mais également aux biotechnologies, à l’immunothérapie, à l’ARN messager, qui ouvrent des perspectives considérables en matière de lutte contre le cancer, et de formidables opportunités économiques. Mais je pense également à nos industries culturelles, qui aujourd’hui d’Angoulême à Roubaix, démontrent qu’en matière de culture aussi tout ne se passe pas qu’à Paris. Le centre Pompidou à Metz est une illustration de ces paris réussis. La création et les lieux de culture se développeront partout en France.

La République des territoires se nourrira de l’industrie, de l’artisanat et aussi bien sûr de l’agriculture.

L’agriculture, c’est une composante essentielle de la ruralité, elle participe de notre alimentation, de nos paysages, de notre qualité de vie et bien sûr de notre souveraineté économique. Or elle se trouve à un moment clé. Fragilisée, menacée, insultée, il y a clairement un risque de lui voir subir, si nous ne réagissons pas tout de suite, ce que l’industrie a connu dans notre pays.

De nombreux défis sont à relever, et je les relèverai : faiblesse du revenu agricole, crise humaine et morale, qui va parfois jusqu’au désespoir, transition écologique à accompagner, politique européenne déconnectée des enjeux de production…

Je veux mettre fin à un « agribashing » totalement injustifié, et scandaleux à mes yeux. Nous devons passer d’un excès de contrôle à une logique de confiance, comme je veux mettre un coup d’arrêt à la logique absurde de sur-transposition franco-française des normes. Les agriculteurs sont engagés dans le changement, mais comment appliquer de nouvelles normes

 


alors qu’il n’y a pas d’alternative existante. Le bon sens ne peut pas être que paysan, il doit aussi être la règle pour les dirigeants.

Partout, encourageons les collectivités à acheter local, avec des marchés publics qui leur permettent enfin de le faire simplement. Vous l’avez compris, l’agriculture, les agriculteurs, sont au cœur de mon projet de République des territoires.

 

*

 

Nous ne restaurerons pas une société du travail et du mérite sans l’École.

« Faire disparaître la dernière, la plus redoutable des inégalités qui viennent de la naissance, l’inégalité d’éducation. C’est le problème du Siècle et nous devons nous y attacher ».

Cette phrase a été prononcée, non pas hier, mais en 1870 par Jules Ferry.
Elle est terrible, car elle signe, comme pour la sécurité, l’échec de l’action de l’État. Je vous présenterai, très prochainement, mes propositions pour l’école.

C’est le cœur de la crise française. L’école, qui est l’instrument par excellence de l’égalité des chances, est devenue l’un des principaux symptômes d’une société bloquée. Parce que le niveau scolaire ne cesse de baisser, l’école ne joue plus son rôle de promotion par le mérite. Les familles les plus modestes n’ont pas les moyens d’y répondre. Quant aux parents qui ont fait des études supérieures, ils recherchent évidemment l’intérêt de leurs enfants et ont les moyens de les aider. Tout cela contribue à alimenter ce qui ressemble, chaque jour davantage, à une société de privilégiés.

Un grand hebdomadaire titrait récemment « Qui a tué la mobilité sociale ? ». C’est notre abandon de l’école, c’est notre bureaucratie dans l’éducation. Mais certainement pas nos enseignants.

Bien sûr, nous partageons tous la priorité qui doit être donnée aux enseignements fondamentaux. Lire, écrire, compter – et j’y ajouterais l’anglais, dont l’absence de maitrise est un handicap et un facteur d’inégalités entre les enfants.

Notre politique éducative reposera sur une nouvelle proximité, de l’école à l’enseignement supérieur. Aucune égalité des chances ne sera possible si la République des territoires n’assure pas une éducation de qualité à chaque jeune Français.

Le chef d’établissement doit devenir le véritable patron des écoles, des collèges et des lycées. L’essentiel des décisions est aujourd’hui pris à Paris, ou dans une superstructure administrative aux multiples échelons. Il faut bien évidemment préserver le cadre national, notamment les programmes, de même que pour les concours de recrutement, au collège comme au lycée. Mais il faut aussi que les chefs d’établissement, dont l’autorité sera confortée, dotés d’un véritable statut, y compris au primaire, puissent participer au choix des professeurs. On sait très bien que c’est la clef du changement, et on n’a pas besoin de perdre encore du temps en lançant, comme à Marseille, sans concertation, de pseudos-expérimentations.

L’école doit davantage être intégrée à la vie locale. Cela veut dire qu’il n’y aura plus aucune fermeture de classe en milieu rural sans accord du maire. Avec les projets éducatifs de territoire, mis en place dans chaque établissement, collectivités et familles seront pleinement associées aux côtés de l’Etat. Ce sont nos mêmes enfants, souvent au même endroit, qui vont à l’école et pratiquent les activités périscolaires. Arrêtons ces ruptures insupportables entre ce qui relève des uns et des autres, et mettons tout le monde autour de la table.

 

 

*

 

C’est cette logique de responsabilité au plus près des réalités du terrain, et d’association des citoyens à l’élaboration et à la prise de décision, qui sera au cœur de la République des territoires.

C’est une inversion totale de logique que je veux opérer.

Les élus de terrain connaissent leurs administrés : ils ont l’habitude d’apporter des réponses efficaces et innovantes aux besoins de leurs concitoyens. La crise de la Covid l’a montré de manière éclatante.

Tout ce qui touche à la vie quotidienne sera décidé par les élus locaux : l’économique ; le social ; l’emploi ; la formation professionnelle ; la santé ; le logement ; les énergies renouvelables.

La maire est le référent de nos concitoyens, le plus proche élu, celui à qui on confie tout, et à qui on demande beaucoup. Il ne faut pas toucher au Maire et à la commune.

En revanche, j’assume de proposer d’avoir, aux côtés du Maire, un conseiller territorial, représentant unique au département et à la région.

Ce conseiller territorial sera élu dans les cantons en respectant la parité (comme le conseiller départemental aujourd’hui) et il siègera aussi bien au conseil départemental que régional.

 


Les avantages de ce nouveau système sont multiples.

Il donne davantage de lisibilité à l’électeur, et simplifie les élections.

Il permet une meilleure organisation entre les niveaux départemental et régional puisque les mêmes élus siègeront dans les deux instances. Plus de doublons, plus d’action contradictoire, de la cohérence sur un même territoire !

Un même élu s’occupera du RSA et de la formation professionnelle, permettant une meilleure insertion, quand aujourd’hui ils sont deux. Un même élu s’occupera des collèges et des lycées, quand aujourd’hui ils sont deux pour des établissements parfois sur le même site.

Et cette mesure permettra des économies liées à la réduction du nombre d’élus et à la rationalisation des politiques publiques.

J’assume pleinement le passage de 6.000 conseillers départementaux et régionaux aujourd’hui à 4.000 conseillers territoriaux demain. Au final, ils auront plus de compétences, plus de prise sur le terrain, plus de lien avec nos concitoyens.

Je mettrai aussi en place une répartition radicalement nouvelle des compétences, des ressources et des fonctionnaires entre l’État et les collectivités. On ne le fera évidemment pas comme lors des différentes vagues de décentralisation, où on a doublonné les missions entre l’État et les collectivités, et transféré des ressources insuffisantes aux collectivités.

Cette nouvelle méthode va nous permettre d’identifier les sources de gaspillage, de dépenses inutiles, voire de fraudes. Nous aurons ainsi les moyens de prendre des décisions courageuses en termes de finances publiques.

Nous devons à nos enfants de rompre avec la fuite en avant budgétaire actuelle.

Le sérieux en la matière, c’est ce que les Français attendent d’abord de leurs dirigeants.

Enfin, je crois qu’il est temps de sortir de l’uniformité. Garantir l’égalité par la loi, c’est une belle abstraction. Ce qui compte, c’est comment la loi est appliqué dans les territoires, comment elle change le quotidien de nos concitoyens. C’est cela l’égalité réelle, et elle ne se mesure pas a priori comme si toutes nos régions, nos départements, nos villes, nos villages, étaient identiques.

Pour moi, il n’y a et il n’y aura toujours qu’une France, une seule République une et indivisible. Mais la cohésion nationale, c’est l’égalité du quotidien, pas celle des proclamations !

Je proposerai une réforme constitutionnelle qui donnera aux collectivités la possibilité d’adapter les lois et règlements nationaux aux réalités locales. Bien sûr, l’Etat sera chargé de veiller à ce que ces adaptations remplissent bien leur objectif de plus d’égalité réelle, et ne creusent pas les inégalités.

 


C’est fondamental. L’article 73 de la Constitution prévoit déjà des expérimentations et permet aussi de déroger aux règles communes pour l’Outre-mer. C’est une évidence pour nous tous que la République des territoires doit profiter pleinement aux ultra-marins.

Ce qui vaut pour l’Outre-mer doit valoir demain pour l’ensemble de notre territoire : le sur-mesure pour lutter contre les inégalités et les abandons.

L’enjeu, c’est davantage d’efficacité et plus d’implication de nos concitoyens.

Les Français ne veulent plus être traités en sujets à qui l’on demande d’aller voter, tous les cinq ou six ans, pour ne plus demander leur avis ensuite. Ils veulent être traités en adultes responsables et en acteurs de tout ce qui peut contribuer à améliorer leur quotidien.

C’est tout le sens de ma proposition sur le recours régulier au référendum, tant au plan national – comme je l’ai proposé sur l’immigration et la sécurité –, qu’au niveau local – comme je le propose pour des dossiers comme les implantations d’éoliennes. Et les résultats s’imposeront, comme cela aurait dû être le cas à Notre-Dame-des-Landes.

Pour illustrer cette vision du nouveau rôle des citoyens, je voudrais prendre l’exemple de l’énergie. Si la politique nucléaire et la détermination de nos sources d’énergie doivent, à l’évidence, relever de l’État, c’est aux collectivités locales qu’il appartiendra de développer les énergies renouvelables.

 


Chaque commune ou intercommunalité pourra décider d’installer sur son territoire des lieux de production, tels que des sites de production d’énergie solaire. Avec les communes et des opérateurs industriels, les citoyens doivent pouvoir prendre des participations dans les sociétés de projet et bénéficier ainsi de prix de l’électricité réduits. La Caisse des dépôts devra assurer le financement de cette nouvelle forme d’économie mixte et citoyenne.

La République des territoires passe, je l’ai dit, par le retour des services publics partout.

Mais elle permettra aussi l’émergence de quelque chose de vraiment nouveau : le Service par le public. C’est-à-dire des chaînes de solidarité, d’entraide, de partage et de dialogue, qui se développeront d’abord au niveau local. Les associations, les nombreux bénévoles, sont à même d’agir sur le terrain, mieux parfois que la puissance publique. L’Etat doit apprendre à soutenir, plutôt qu’à faire. Ce qui est valable pour les acteurs économiques doit l’être aussi pour les acteurs associatifs.

 


En encourageant ces initiatives, on recrée le terreau d’une démocratie vivante.

 

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Mesdames et messieurs, chers amis, vous l’avez compris, la République des territoires est autant une réponse à nos problèmes, qu’un nouveau projet de société.

La crise de la Covid a acté la fin du centralisme.

Je suis frappé par le fait qu’avec cette crise, les Français sont en train de devancer ce mouvement.

Ils aspirent à vivre autrement, à sortir des métropoles, où ils sont écrasés par les prix de l’immobilier, où les durées de transport font qu’ils n’ont plus assez de temps de vivre pour eux et pour leurs familles.

Je veux accélérer ce mouvement de fond.

C’est l’objet du plan sans précédent d’infrastructures, en priorité dans le transport et le numérique, que nous allons lancer. Parce qu’il n’est plus tolérable qu’on nous dise que les zones blanches ont disparu alors que chacun sait que c’est faux. Nous parlons de la 5G à laquelle je suis favorable alors même que la 3G n’est toujours pas accessible pour beaucoup de nos concitoyens. Dans la République des territoires, il n’y aura plus de citoyen de seconde zone.

Tous les dispositifs de revitalisation économiques mis en œuvre ces dernières années, comme les objectifs affichés d’investissement dans les lignes ferroviaires du quotidien, je le dis clairement, tout cela n’est pas à la hauteur des enjeux.

Nous ferons évoluer notre droit du travail, et je crois à la négociation en la matière. Ces nouvelles activités au cœur des territoires seront en effet nécessairement mixtes : une part en télétravail, et une part en entreprise.

En favorisant l’installation dans les territoires, c’est toute la société qui en sera transformée.

Dans les territoires, ce sont des familles et de l’activité qui viendront dynamiser la vie économique et sociale. Des familles pour lesquelles il faudra construire des logements, avec des aides à la construction qui ne seront plus réservées aux seules grandes villes.

Chacun y gagnera à terme.
Mon objectif, c’est de vivre différemment, de ré-humaniser la société.

Je présenterai prochainement mes propositions en matière d’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique.

Mais nous n’apporterons des réponses réellement à la hauteur des enjeux que si nous parvenons à changer notre façon de vivre et de produire.

Nous n’apporterons pas de réponses suffisantes si nous ne faisons pas évoluer notre façon de consommer, si nous ne rompons pas avec cette tyrannie des nouveaux besoins que le système économique mondial ne cesse de susciter et qui remplit d’objets nos foyers autant qu’il vide nos âmes.

Sans avoir à choisir entre l’environnement et le progrès, on peut produire au plus près des lieux de vie. On peut consommer autre chose que des produits, et notamment des produits agricoles, qui ont fait le tour de la terre avant de se retrouver dans nos assiettes ou dans nos placards.

On doit pouvoir faire le choix du local, y compris d’ailleurs dans les appels d’offres de l’Etat et des collectivités. Le prisme de la concurrence seule ne peut plus demeurer, sans y ajouter des critères écologiques et sociaux.

C’est aussi le message que je veux porter au niveau européen. Je suis certain qu’il y sera entendu, car l’Union européenne, depuis sa création, est attentive aux régions, aux rattrapages entre elles, à leur diversité.

La République des territoires, c’est de la commune à l’Europe !

 

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Mesdames et Messieurs,

La République des territoires, c’est un projet radical, et qui nous ressemble.

Un projet d’ambition économique et de puissance.

Un projet fondé sur la restauration du mérite et de la récompense du travail.

Un projet où l’État cesse d’étouffer les Français pour se remettre à leur service.

Un projet de ré-humanisation de la société.

Bref, une vision et des propositions pour redevenir nous-mêmes : une grande Nation où chaque citoyen trouve sa place.

Vive la République, et vive la France.

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